Olivier Simonpietri est un passionné d’histoire depuis tout petit. Il y a six ans, il a décidé de créer l’association Fighjula i petri afin de faire découvrir, de sauvegarder et de valoriser le petit patrimoine bâti. Une structure qui compte aujourd’hui de nombreuses autres actions.
« Cette association je l’ai créé après m’être aperçu que le petit patrimoine utile – comme les fontaines, les fours ou encore les lavoirs – était dans un état dégradé, voire abandonné et même oublié dans certains endroits », explique-t-il en regrettant le désintéressement de ce patrimoine qui a longtemps existé en Corse. « Ce n’est pas normal qu’il y ait si peu d’intérêt pour ces petits édifices qui ont eu une importance majeure pour les populations agricoles rurales », renchérit-il.
Le déclic, le président de Fighjula i petri raconte l’avoir eu en 2012 face à une fontaine abandonnée au bord d’une route. « Cette fontaine était recouverte de ronces alors j’ai essayé de la dégager en coupant un peu la végétation. Je l’ai nettoyé pendant un petit quart d’heure jusqu’à la rendre visible, puis je l’ai nettoyé en ramassant divers déchets autour d’elle. Mais peut-être deux ou trois mois après, en repassant à cet endroit, je me suis rendu compte qu’elle était à nouveau salie par des déchets. Je me suis dit que ce n’était pas possible que des personnes peu respectueuses dégradent un édifice qui appartient au passé, que les générations antérieures ont sué pour construire », se souvient-t-il.
Favoriser les liens intergénérationnels
Dès lors, l’idée de réunir des personnes qui contribuent au quotidien à préserver ce patrimoine partout en Corse, germe dans la tête d’Olivier Simonpietri. « Et en février 2014 je créé l’association avec l’objectif de faire découvrir ou redécouvrir, défendre et valoriser ce petit patrimoine bâti ». Depuis, Fighjula i petri mène ainsi des actions dans les villages où elle intervient pour remettre en état le patrimoine communal. Lors de ces interventions, l’association a à cœur de favoriser les liens intergénérationnels. « Dans les villages où nous intervenons, nous demandons à la mairie de mobiliser les villageois pour qu’ils prennent le relais ensuite et continuent à entretenir ces édifices. Ils viennent ainsi nous aider à restaurer ce patrimoine, pendant que les personnes âgées viennent nous raconter des anecdotes et des légendes sur le village. Et puis on fait parfois intervenir des jeunes entre 12 et 16 ans, notamment par le biais d’ALSH », détaille Olivier Simonpietri, en glissant que ces opérations se déroulent toujours dans la bonne humeur et qui se terminent impérativement par un « bon spuntinu ».
Une association qui fourmille d’idées et d’actions
« Mais nous effectuons aussi un travail de recherches sur la toponymie dans les communes et allons d’ailleurs bientôt publier un ouvrage sur la toponymie de Valle di Mezzana », indique-t-il par ailleurs.
Tout au long de l’année, l’association organise aussi des sorties à la journée sur des sites historiques et préhistoriques. « Nous recensons également les caseddi en ruines, ou encore, nous essayons de faire un travail de recensement des villages abandonnés », précise encore le président de Fighjula i petri. Au cours de balades, l’association enrichit également une déjà impressionnante photothèque de ces lieux (disponible sur son site Internet) et s’affère également à déchiffrer les linteaux gravés.
Enfin, grâce à ses quelques 76 adhérents, dont beaucoup de corsophones, l’association aspire à défendre la langue. « Nous essayons de travailler, de communiquer en corse afin de véhiculer la langue, et de la transmettre », sourit Olivier Simonpietri.
I Stretti di l’acqua bonna
Fourmillante d’idées, Fighjula i petri avait prévu pas mal de projets en 2020. Des plans qui sont aujourd’hui quelque peu retardés par la crise Covid. « Nous avions par exemple prévu une dizaine d’interventions sur du petit patrimoine, notamment des fontaines et des petits ponts », dévoile le président de l’association, « Actuellement, nous avons aussi créé le projet « I Stretti di l’acqua bona » avec le GAL leader du Pays d’Ajaccio qui porte sur la remise en valeur de fontaines et le balisage de ces édifices, ainsi que sur la toponymie des villages du Pays d’Ajaccio. Un projet que nous pouvons mener grâce à l’appui financier de nos partenaires Isula Verde, la Poste et les mairies d’Afa, Bocognano et Valle di Mezzana ».
Des passionnés qui ont envie de transmettre quelque chose aux générations futures
À ce jour, Fighjula i petri a déjà à son actif une vingtaine d’actions de valorisation de petits édifices, pour l’instant essentiellement en Corse-du-Sud, et notamment dans la Vallée de la Gravona, le Taravo, le Sartenais-Valinco, l’Alta Rocca ou encore le Celavu-Prunelli. Des actions qui pourraient bien s’étendre prochainement au reste de l’île.
« Nous avons réuni des personnes passionnées et volontaires qui ont envie de transmettre quelque chose aux générations futures. Le but est d’impulser une sorte de Riacquistu dans les endroits où nous intervenons », se réjouit le président de Fighjula i petri.
Si vous souhaitez rejoindre l’association ou participer à ses actions vous pouvez la contacter par le biais de son site internet http://www.fighjulaipetri.com/index.html ou de sa page Facebook https://www.facebook.com/fighjulaipetri?ref=hl